Une nouvelle plate pour le Sinago Jean & Jeanne

Le Sinago "Jean et Jeanne" est un bateau traditionnel de la région de Séné, symbole de notre patrimoine maritime. Nous avons été choisis pour concevoir et construire une plate de 4,20 m électrique, afin d'assurer le transbordement de l'équipage ainsi que la propulsion à couple du Sinago.

Le projet en quelques lignes

Notre rencontre avec Serge Cottin, président de l'association du Sinago "Jean et Jeanne", s'est faite par hasard. C'est sur une plage de la Presqu'île de Rhuys qu'il a aperçu l'un de nos bateaux, ce qui a donné lieu à notre première discussion. C'était fin 2023, et il m'a fait part des divers problèmes rencontrés avec leur plate actuelle.

Cette plate est en effet trop lourde et peu hydrodynamique, ce qui complique les manœuvres à la voile du Sinago. De plus, elle n'est ni auto-videuse, ni dotée de réserves de flottabilité, ce qui représente un risque de submersion en cas de fortes pluies. L'association souhaite également installer un système de propulsion électrique pour adopter une approche plus respectueuse de l'environnement.

Au fil des mois, nous avons élaboré ensemble un cahier des charges et commencé à échanger des premiers dessins. La nouvelle plate est conçue pour répondre aux besoins spécifiques du bateau, tout en intégrant des solutions modernes, notamment un moteur électrique TEMO, conçu par un motoriste breton.

La conception de la nouvelle plate

La conception de la nouvelle plate "Jean et Jeanne" trouve un juste équilibre entre tradition et innovation, mêlant habilement des éléments visuels classiques à des solutions modernes. Tout en conservant des codes esthétiques emblématiques des plates traditionnelles, comme l’étrave, le projet introduit des éléments contemporains visant à améliorer les performances, la sécurité et la durabilité du bateau.

Le design préserve l'authenticité de la plate tout en intégrant des matériaux de haute performance et des procédés de fabrication innovants. Le système de propulsion électrique TEMO assure une navigation à la fois silencieuse, économique et respectueuse de l’environnement.

Grâce à cette fusion entre le classique et le moderne, la future plate du "Jean et Jeanne" répond aux exigences de sécurité et de performance actuelles, tout en honorant l’héritage maritime de la région.

Sinago Jean & Jeanne avant le tannage de son nouveau jeu de voiles.

La genèse du projet

Tout a commencé lors du confinement en 2020 où l'idée un peu folle d'entreprendre la construction d'un bateau a traversé l'esprit de Teys. Après quelques recherches sur internet, il a jeté son dévolu sur un plan provenant des USA, conçu avec une carène légère, facile à fabriquer et optimisée pour planer avec des faibles motorisations. Après s'être fourni le matériel nécessaire, il attaque la construction de son premier bateau dans la véranda de la maison de ses parents. Au cours de la construction, il y trouvera une réelle vocation !

Première Réalisation : "Spark"

Cette première réalisation est une mise en œuvre de plans provenant des USA, il s'agit d'une coque de 14 pieds (4,25 m) avec une carène très planante, conçue pour être légère, rapide et efficace avec des faibles motorisations.

Il s'agit d'une construction cousu collée mettant en œuvre des contreplaqués d'épaisseur 9 mm et 12 mm, de la résine époxy, diverses charges, et du tissus de verre (principalement du sergé 200gr/m²).

Après plus de 250 heures de travail, lors du confinement en 2020, le bateau était prêt à être mis à l'eau. Teys y a trouvé une réelle vocation, et souhaite alors se diriger vers une école d'ingénieur spécialisée en architecture naval.

Fait intéressant, mise à part la mise en place de l'accastillage, aucune vis n'est utilisée dans la construction de ce bateau. Il est entièrement collé avec de la résine chargée, puis stratifié. Ce procédé de fabrication lui confère une solidité et une rigidité hors normes.

Seconde réalisation : "TinyTango"

C'est l'année suivante, alors étudiant en DUT génie mécanique et productique à Rennes, que Teys a construit son second bateau : même modèle que le précédent mais légèrement plus petit (4m), et surtout plus léger (76kgs à vide).

Il viendra à bout de la fabrication en à peine trois semaines de travail, où il aura consacré environ 200 heures à ce projet. Il y trouve un réel plaisir !

Il diffusera l'intégralité de la construction du bateau sur sa chaîne Youtube !

Cette seconde construction était dans un premier temps destinée à la location sans permis, avec un hors bord de 6cv. La vitesse atteinte avec cette motorisation est de 15 nœuds. Ce niveau de performances est inégalé dans le nautisme "grand public". Cependant, ce point fort est aussi sa faiblesse, il est sensible au vent et donc délicat à prendre en main pour les moins expérimentés.

Ce bateau lui a servi quotidiennement pendant ses trois années d'alternance de pour se rendre sur la presqu'île de Rhuys à partir de Baden. Ce moyen de transport est plus économe en carburant et en temps que la voiture.

Electrification de "Spark"

Dès le début de la construction de son premier bateau, Teys avait en tête de l'électrifier. C'est pourquoi il a intégré à la coque un compartiment pour des batteries, des passages de câbles, et des supports pour l'électronique interne, de manière à ce que le tout soit le plus discret possible.

Le moteur hors-bord électrique a été fabriqué à partir d'un HONDA 15cv ayant eu un problème mécanique, donc HS. Après avoir retiré la tête motrice thermique, Teys a fabriqué des supports, puis installé un moteur électrique de 10kW avec son variateur. Le tout rentre (presque) sous le capot du moteur d'origine, ce qui le rend quasi invisible.

Les batteries ont été fabriquées à partir de 396 cellules 21700, séparées en deux packs de 3.6 kWh chacun. Après la fabrication des caissons en contreplaqué époxy, l'assemblage et la soudure de toutes les cellules, puis le câblage du BMS (battery management system), Le système de propulsion électrique était prêt à prendre la mer. 

La fabrication de ce système est documentée sur sa chaîne Youtube (en anglais).